En Tunisie,
l’artisanat de la céramique est une activité millénaire
. Il est de nos jours encore bien vivant, essentiellement populaire, différent et varié. Il témoigne de l’ancienneté des traditions dans le pays. Les musées régionaux nous montrent par leurs collections la richesse et la diversité de ce patrimoine.Cet artisanat céramique est répandu sur tout le territoire, en zones urbaines comme en zones rurales, partout où l’argile existe, et plus particulièrement à Aïn Drahem, Berrama, Guellala, Menzel Fersi, Moknine, Nabeul, Nafta, Sejnène, Testour, et Tozeur. Ces villages et ces villes représentent les pôles de production où l’argile est travaillée par les mains d’habiles artisans à domicile ou dans des ateliers à temps plein ou discontinu.
En zone rurale, l’artisanat de la céramique est une activité familiale, traditionnelle et saisonnière, pratiquée en plein air par les femmes bédouines. La poterie rurale est très peu diversifiée, souvent éloignée du marché. En zone urbaine, l’activité céramique est généralement une affaire d’hommes travaillant dans des ateliers de différentes tailles. Le produit est diversifié, la production est importante, les marchés sont diversifiés.

En termes Scientifiques, la « céramique » désigne un terme générique donné aux produits d’apparences diverses, fabriqués à base d’argile (e’ttine en arabe en amplifiant un peu les 2t) qui ont subi, au cours d’une cuisson à température plus ou moins élevée, une transformation physico-chimique irréversible.
Les céramistes opèrent dans deux domaines économiques assez distincts : l’Industrie et l’Artisanat. Ce dernier domaine est caractérisé en Tunisie par le travail essentiellement manuel dont les produits sont inspirés en général du patrimoine national, ou sont de connotation artistique.
Du point de vue réglementaire, les activités de la céramique en Tunisie, appartiennent au groupe d’activités N° 8 «Métiers de l’Argile et de la Pierre » défini dans le cadre de la Liste des Activités Artisanales, instituée par le Décret n°2005-3078 du 29 Novembre 2005 fixant la liste des activités de petits métiers et de l’artisanat et déterminant les activités dont l’exercice nécessite la qualification professionnelle .
Ce groupe d’activité cite quatre genres de céramiques ou de produits en céramique à savoir : la poterie artisanale, la céramique traditionnelle, la brique traditionnelle et la tuile traditionnelle.
La Nomenclature des Activités Tunisiennes NAT prévu des positions spécifiques se rapportant à la fabrication traditionnelles de briques, de tuiles, poterie artisanales et la céramique alors que la Classification Tunisienne des Produits CTP prévoit d’en réserver une pour les produits provenant de chacune de ces activités dans sa nouvelle version.
Socialement, et pour la majorité des tunisiens, la céramique traditionnelle est perçue essentiellement comme un héritage culturel qu’il faut préserver. C’est un produit pour la décoration et le souvenir plutôt qu’un produit d’usage courant, mais les mentalités commencent à changer et on voit de plus en plus la céramique envahir notre quotidien. C’est plutôt à l’extérieur des maisons que la céramique apparaît le plus. Les tuiles multicolores recouvrent les toits et les bordures des balcons et des clôtures de jardins, alors que de multitudes vases et pots envahissent les jardins.

Histoire de la céramique
Le mot céramique, qui s’est imposé dans la plupart des langues, provient du grec ancien « kéramos » qui signifie « fabriqué en argile ». Les activités de la céramique se réfèrent à une confluence entre les arts de la terre et les arts du feu elles sont apparues au début, au Moyen-Orient, au néolithique dans le berceau des grandes civilisations sédentaires. La céramique s’est propagée en même temps que l’agriculture pour atteindre le Maghreb et l’Europe vers le milieu du IV ème millénaire avant J-C. La céramique modelée maghrébine du néolithique et de l’âge de bronze trouve sa place dans une koinè méditerranéenne. Les contacts établis depuis ces temps reculés entre le Maghreb et l’Europe expliquent leur parenté, notamment sur le plan morphologique, avec les céramiques modelées des autres régions de la méditerranée occidentale. Cette céramique, qui utilise des matériaux et des techniques simples comme le modelage au colombin, s’est maintenue presque immuablement, jusqu'à notre époque, dans des milieux paysans.
En Afrique du nord, le début de cette production se situe entre 4400 et 3800 av. J-C. Selon les formes, deux types se différencient : une saharienne, généralement sphérique, et une poterie maghrébine à fond conique. Au Maghreb, les gisements néolithiques sous grottes ont livré des vases à fond coniques et à bord largement ouvert, des sortes de bouteilles ovoïdes munies de cols fermés et courts, des petites tasses à fond hémisphérique munies d’un oreillon de préhension perforé, des vases globulaires à fond plat, des vases et des gobelets à épaulement et à fond conique.
On relève fréquemment la présence de mamelon et de boutons de préhension, plus rarement celle d’anses funiculaires. Les potiers (ou plutôt des potières) utilisaient des argiles peu fines avec des impuretés et des éléments organiques qui, à la fin de la cuisson, donnent une coloration sombre à une pâte très grenue.